L’IA en France : baromètre PwC 2025
En tant que CIO de PwC France et Maghreb, plusieurs éléments ont particulièrement attiré mon attention dans le baromètre AI Jobs 2025 de PwC, notamment concernant la France. Le rapport s’appuie sur une analyse rigoureuse de près d’un milliard d’offres d’emploi dans le monde, permettant de saisir précisément comment l’intelligence artificielle impacte les métiers et oriente les stratégies économiques.
En France, la progression du nombre d’offres d’emploi exigeant des compétences en IA est impressionnante. De 21 000 en 2019, nous avons atteint 166 000 en 2024. Cette accélération place la France en première position en Europe, devant l’Allemagne (147 000) et le Royaume-Uni (125 000). Ces chiffres témoignent clairement de la dynamique forte d’intégration de l’IA dans notre économie nationale. Sur le plan mondial, les secteurs exposés à l’IA enregistrent une hausse de leur productivité près de trois fois supérieure aux secteurs moins exposés. Dans ces mêmes secteurs, les salaires progressent deux fois plus vite. Les experts en machine learning ou en prompt engineering bénéficient ainsi d’une prime salariale moyenne de 56 % par rapport à leurs pairs ne possédant pas ces compétences spécifiques.
Contrairement à certaines idées reçues, l’IA ne conduit pas à une suppression massive des emplois mais à une transformation profonde des métiers. En France, les emplois particulièrement exposés à l’IA ont vu leur volume d’offres augmenter de 273 % entre 2019 et 2024, alors que ceux considérés comme « automatisables » progressaient de 223 %.
Ce qui me frappe également, c’est la vitesse à laquelle évoluent les compétences nécessaires pour occuper ces emplois en lien avec l’IA : elles progressent 66 % plus rapidement que dans les autres catégories d’emploi. De manière surprenante, et contrairement à la tendance mondiale à la baisse, les exigences de diplômes pour les emplois IA en France augmentent, passant de 54 % en 2019 à 58 % en 2024. Il y a toutefois une nuance à souligner : l’utilisation pratique de l’IA au sein des entreprises reste encore modeste en France. Selon PwC, 61 % des professionnels RH n’utilisent toujours pas l’IA, alors que seulement 8,5 % l’utilisent de manière significative dans leur quotidien.
Face à ces constats, il me paraît essentiel d’insister sur l’importance d’un apprentissage continu et concret. Il devient impératif d’acquérir des compétences pratiques en IA, de maîtriser les outils associés et de rester agile pour répondre à l’évolution rapide des exigences du marché. Les entreprises doivent aller au-delà des simples expérimentations ponctuelles et intégrer l’IA de manière opérationnelle et stratégique à tous les niveaux. Quant aux décideurs politiques et institutions éducatives, leur responsabilité est cruciale pour démocratiser l’accès aux nouvelles compétences IA, particulièrement dans les secteurs industriels clés en France.
La France est aujourd’hui bien positionnée pour transformer cette dynamique en véritable avantage compétitif. À nous maintenant de concrétiser ces opportunités offertes par l’IA et de préparer activement notre avenir économique.
https://www.pwc.fr/fr/espace-presse/communiques-de-presse/2025/juin/ai-jobs-barometer.html